Comprendre les modèles économiques des revues scientifiques
6 - Exemples de résultats récents de négociations avec les éditeurs commerciaux
La coalition internationale SPARC (Scholarly Publishing and Academic Resources Coalition) issue de l’association des bibliothèques de recherche (Association of Research Libraries, ARL) rend compte sur son site internet de négociations d’institutions de différents pays avec les big deals (Big Deal Cancellation Tracking).
Le site internet Ouvrir la science du ministère français de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation présente également la situation de certaines négociations entre les organismes de recherche et les éditeurs dans le cadre de différents accords.
- En Norvège, les 35 établissements membres du consortium Unit qui a conclu en 2019 un accord avec Wiley accèderont à près de 1 500 revues de cet éditeur et pourront publier sans frais supplémentaire leurs articles en libre accès dans ces revues.
- En Finlande, un accord du consortium FinELib conclu avec Elsevier en 2018 pour 3 ans permet aux 35 établissements membres d’accéder à environ 1 850 revues et fait bénéficier à leurs chercheurs d’une réduction de 50 % sur le coût de publication dans plus de 1 500 revues sur abonnement et plus de 100 revues en libre accès.
- Aux Etats-Unis, l’Université de Californie (UC) a rompu début 2019 les négociations avec Elsevier qui demandait à augmenter les coûts de 80 % pour ouvrir l’accès de l’établissement à ses revues et permettre que ses chercheurs y publient en libre accès.
- En France, le consortium Couperin a conclu en 2018 avec Springer un accord sur 3 ans après une diminution du montant de l’offre de l’éditeur par rapport à 2017, permettant aux 80 établissements d’enseignement supérieur et de recherche ayant souscrit à la nouvelle offre d’investir les économies réalisées dans des infrastructures et projets en faveur de la science ouverte.
Les négociations avec les éditeurs tendent à prendre en compte les frais de publication (APC) des établissements dans le calcul des coûts d’abonnements, pour éviter un double paiement par les établissements et, en corollaire, un double bénéfice (double-dipping) pour les éditeurs. Les contrats de ce type, appelés Lire et publier (Read and publish), évitent aux établissements de payer des APC tout en donnant accès aux contenus des revues de l’éditeur. Ce couplage frais d’abonnement/frais de publication en libre accès est néanmoins critiqué car il contribue à renforcer la position monopolistique des grands éditeurs. Ils ont ainsi une mainmise sur le marché des abonnements et sur celui de la publication en libre accès.