Eviter les revues et éditeurs prédateurs : définition et indices

4 - Indices d’alerte sur un fonctionnement douteux

Pour vérifier le fonctionnement d’une revue, différents indices issus d’un ensemble d’observations peuvent alerter. Attention : certains indices peuvent être aussi le fait de revues scientifiques jeunes, ou ayant peu de moyens ou manquant d’expérience.
Pour vous aider dans cette vérification, reportez-vous aussi à la fiche CoopIST : Outils d’aide à la détection de revues et éditeurs prédateurs.
Vous pouvez également contacter le comité éditorial de la revue avec des questions précises sur le fonctionnement, le processus de révision, les droits d’auteur.
Enfin, vous pouvez vous adresser aux documentalistes de votre institution, qui étudieront la revue.
Ces indices et outils s’appliquent aussi aux conférences douteuses (voir la fiche CoopIST : Eviter les conférences prédatrices).

Discours tourné vers les auteurs (emails, site internet de la revue)
Le discours de ces éditeurs est destiné aux auteurs et non pas aux lecteurs. Il fait valoir un service rapide. Il peut souligner un coût (APC) faible à acceptable, d’autant plus s’il promet des réductions et l’acceptation de l’article. Il fait miroiter les meilleurs canaux de diffusion et indicateurs de notoriété.

Mode de communication majoritaire : emails

  • vantant la réputation et la diffusion internationales de la revue
  • vantant le haut niveau de vos publications, avec une qui sert d’accroche, même si la revue n’est pas de votre domaine
  • vous incitant à être auteur, relecteur (Referee, Reviewer), membre du comité éditorial (Editorial Board Member), rédacteur (Guest Editor, Topic Editor) d’un numéro spécial (Special Issue, Research Topic, Collection)
  • vous demandant de recommander des pairs, de proposer à des collègues de rejoindre la revue
  • comportant des imprécisions (objectifs, noms des personnes, libellé de la revue, site internet, frais, etc.), ou comportant des url ou des adresses emails avec des noms de domaine (nom de domaine : nom univoque du site internet) différents, etc.

Site internet

  • navigation non fonctionnelle, pages inaccessibles, ou navigation complexe et sophistiquée, mode de recherche peu efficace, etc.
  • textes avec des erreurs, ou peu soignés, ou copiés d’autres revues
  • textes vantards, déclarant le haut niveau de la revue, l’application de normes, se disant adhérente au DOAJ, COPE, ICMJE, à l’Open Access Scholarly Publishers Association (OASPA), etc.
  • sites proposant des conférences, souvent douteuses, qui aboutiraient à des numéros spéciaux ou des livres (voir la fiche CoopIST : Eviter les conférences prédatrices)
  • liens vers des sites internet n’existant plus, ou questionnables ou sans rapport avec la revue
  • enregistrement du nom de domaine (nom univoque du site internet) apportant des indices de doute (déclarant, email, adresse postale, IP, dates, serveurs… : informations disponibles sur tout site d’enregistrement de noms de domaine (registraire) proposant un service de recherche de type Whois).

Contacts, domiciliation, nom de la maison d’édition (éditeur, Publisher)

  • nom trompeur (Center, Institute, Association, Network), faisant croire à des missions institutionnelles alors qu’aucune activité n’est visible
  • information d’adresse de siège ou de contact inexistante, insuffisante ou invérifiable
  • fausse domiciliation (boîte postale, adresse de société de location de bureaux, lieu d’une autre société, etc.) par exemple aux Etats-Unis, au Canada, au Royaume-Uni, alors que l’éditeur est basé en Inde ou en Chine par exemple
  • domiciliation non adaptée (maison ou appartement privé, petit magasin, etc.) repérable en vérifiant sur un site de localisation géographique avec visualisation des lieux
  • téléphone invérifiable, ou changeant dans le temps, ou en inadéquation avec la domiciliation, etc.
  • adresse email invalide, ou portant un nom de domaine différent de celui de la revue ou de l’éditeur, etc.

 Titres et panel de revues

  • éditeur ayant un large panel de revues, dont certaines avec peu ou pas d’articles
  • titre de revue ronflant, ou imprécis, ou identique ou proche de revues sérieuses, ou mentionnant un lieu trompeur (American, Canadian, European, British, Australian)
  • Aims and Scope (objectifs, thèmes, portée) de la revue très larges, ou très vagues
  • éditeur ayant plusieurs revues sur le même thème avec des titres proches
  • revue éditant de nombreux numéros spéciaux
  • revues très récentes, ou créées dans les années 2010

 Notoriété et indexation de la revue (Abstracting, Indexing)

  • fausse déclaration d’indexation dans des bases de données connues ou via des outils inappropriés ou factices ; ISSN faux ou usurpé ou absent
  • facteurs de notoriété trompeurs (Misleading Metrics) créés par des sociétés douteuses
  • note : des revues douteuses ont un vrai facteur d’impact (Journal Impact Factor, société Clarivate) ; de même, certaines sont dans le DOAJ.

 Comité éditorial (Editorial Office, Editorial Board, Advisors - Associated, Academic, Review Editors…)

  • inexistant, ou très petit (une à quelques personnes), ou au contraire pléthorique
  • taille du comité inadaptée au nombre d’articles publiés
  • membres non experts du thème, ou non publiants, ou publiant énormément d’articles, ou non actifs ou introuvables, ou membres d’autres revues douteuses, ou en relation (co-auteurs par exemple) avec des scientifiques présents dans des revues et conférences douteuses ou repérés en tant qu’auteurs d’articles douteux (par exemple sur les sites PubPeer, Retraction Watch, base de données Problematic Paper Screener), etc.
  • affiliations institutionnelles non indiquées, ou imprécises, ou non à jour ; pas d’adresse email ; emails en gmail, yahoo
  • comité non contactable par email, pas même le rédacteur en chef (Editor-in-Chief) ; contact générique propre à la revue ou à l’ensemble des revues de l’éditeur
  • membres provenant d’un seul pays alors que la revue se dit internationale
  • pas de rédacteur en chef
  • même comité (tout ou partie) ou même rédacteur en chef pour plusieurs revues de l’éditeur
  • photos déformées des membres du comité
  • cooptation entre membres, relecteurs, auteurs
  • incluant des personnes sans qu’elles soient au courant.

 Articles et contenu scientifique

  • délais soumis-accepté ou soumis-publié très courts, exemple : quelques jours à 2-3 mois
  • page internet minimaliste de l’article, problème d’accès au contenu (pdf), fichier de l’auteur, DOI faux ou non actif ou tombant sur le fichier pdf. Dans les fichiers pdf, informations partielles (ou ne correspondant pas au site de la revue) sur le n°, la revue, le copyright
  • nombreux articles hors sujet ou absurdes ou de faible qualité (question de recherche, protocole, etc.), ou à résultats douteux, ou à bibliographie trop succincte ou pléthorique ou non appropriée, ou repérés (par exemple sur les sites PubPeer, Retraction Watch, base de données Problematic Paper Screener) pour diverses manipulations (issus de paper mills, faux peer review, plagiat, manipulations de DOI…), etc.
  • édition faible (langage, orthographe, grammaire)
  • langage trompeur issu de plagiat paraphrasé ou de l’usage d’intelligence artificielle (voir la base de données Problematic Paper Screener)
  • auteurs et co-auteurs aux travaux et aux pratiques d’autorat (Authorship) questionnables (affiliations, noms, emails, associations de co-auteurs).

 Frais de publication (Fees, Article Publication/Processing Charges, APC)

  • peu ou pas d’information
  • très bas, ou parfois élevés, pouvant dépendre du thème
  • paiement en ligne opaque, ou au contraire modes de paiement en apparence très détaillés
  • fidélisation par rabais, bons d’achat et prix divers (Discount, Voucher, Award) pour les auteurs, relecteurs, membres des comités éditoriaux.

 Fonctionnement éditorial de la revue

  • relecture par les pairs (peer review) inexistante ou superficielle - exemple de délai donné aux relecteurs : 2 jours à 2 semaines
  • acceptation de la majorité des articles soumis
  • information absente, ou peu développée, ou non explicite, ou contradictoire, ou en inadéquation avec la pratique réelle de l’éditeur sur : processus éditorial, relecture, conseils aux auteurs, rétractation et correction d’articles, mauvaise conduite d’auteurs, droits d’auteurs, partage et réutilisation des contenus, archivage (ces sites peuvent disparaître avec leurs articles), etc.
  • fausse déclaration d’usage d’outils connus de détection de similarités (plagiat).